DEUXIEME PARTIE 

L’utilisation de l’internet au Bénin

Ici nous irons à la découverte des internautes du Bénin et de l’usage que notre pays fait de l’internet : qui sont les utilisateurs, comment utilisent-ils le réseau, quels problèmes rencontrent-ils, quels sont les informations que l’on peut trouver dans le cyberespace béninois?

Chapitre I : Les internautes béninois : résultats du questionnaire d’enquête.

A - Présentation des résultats

1 - Présentation de l’enquête

Les objectifs de notre enquête étaient de mieux connaître les internautes béninois et d’examiner les difficultés qu’ils rencontrent dans leur utilisation de l’internet. La population à interroger était ainsi bien déterminée. La plupart des questions posées sont des questions d’intérêt général (voir questionnaire à l’annexe). De plus, nous ne disposions pas d’une liste énumérative recensant les internautes opérant auprès des différents PSI.

Notre première démarche a été d’évaluer le nombre d’abonnés et d’utilisateurs auprès de ces PSI. Le Centre Syfed-Refer en avait 944 , l’OPT 500, la SECNI 40, les autres PSI environ 40 (ces données ont été recueillies en août 1997). Ces différents groupes de prestataires présentaient des caractéristiques différentes l’un de l’autre. A l’exception de l’OPT peut-être, tous avaient des abonnés et utilisateurs présentant des caractéristiques relativement identiques (types d’abonnement, pouvoir d’achat...).

Compte tenu des raisons évoquées ci-dessus, nous avons procédé à un échantillonnage par quota. Le CSR avait 61,24% des abonnés ; l’OPT, 32,80% ; la SECNI, 2,72% ; le MPREPE, Imédia Informatique et les Ets. Alindé 2,72 %. Dans le même temps, au vu des données d’ordre général à recueillir, du coût et de la durée de l’enquête (non financée, menée à temps partiel par une seule personne pendant moins de quatre moi), nous avons porté la taille de l’échantillon à cent personnes : 58 pour le CSR, 30 pour l’OPT, et 3 au niveau de chacun des autres ISP.

Nous avons distribué 130 questionnaires afin que les non-retour ne viennent troubler la représentativité de la population à enquêter. Nous avons pu recueillir cent un questionnaires et en avons retenu cent pour plus de confort dans le dépouillement (soit un taux de réponse de 77% ).

Nous avons pu avoir la liste des abonnés du CSR, ce qui nous a permis de faire un tirage au sort (statistique) pour le choix de ses enquêtés. Hors de la communauté universitaire, nous avons recensé un certain nombre d’individus et d’organismes qui sont abonnés à l’internet. Nous avons ensuite fait un tirage au sort pour constituer les échantillons représentant les abonnés de l’OPT et de la SECNI. Enfin nous nous sommes rendus sur les sites des autres ISP (MPREPE, Imédia Informatique et les Ets. Alindé) où nous avons sélectionné les enquêtés.

Au cours de notre enquête, nous avons à chaque fois essayé de mener des démarches scientifiques; les insuffisances que ne manqueraient pas de contenir notre étude seraient en grande partie dues aux conditions de travail auxquelles nous étions soumis.

2 - Présentation schématique des résultats

a - Questions préliminaires

Il s’agit des questions relatives au sexe, à la profession des internautes et au secteur d’activité dans lequel ils travaillent. " NR " est mis pour nombre de réponse ;  " % " est mis pour représenter le taux de réponse en pourcentage.

* Sexe

Tableau 2 : Sexe des internautes

Taux de réponse 98%

* Profession

Tableau 3 : Profession des internautes

Le taux de réponse est de 81%

* Secteur d’activité

Tableau 4 : Secteur d’activité

Le taux de réponse est de 62%

b - Question N°1 : Début d’utilisation de l’internet

Tableau 5 : Date d’utilisation de l’internet

Le taux de réponse est 85%

c - Question N°2 : Services et applications de l’internet utilisés

Graphique 2 : Services et applications utilisés

- Email (1) - Forums (5)

- WWW (2) - Telnet (6)

- FTP (3) - Vidéoconférence (7)

- Liste de diffusion (4)

Cette question était à choix multiple. Le taux de réponse est 100%.

d - Question N°3 : Finalité de l’utilisation

Graphique 3 : Finalité de l’utilisation

Le taux de réponse est 100% . Cette question est à choix multiple.

- Correspondance (1) - Transactions financières (4)

- Recherche (2) - Autres (5)

Echanges avec partenaires (3)

e - Question N°4 : Cadre de l’utilisation de l’internet

Graphique 4 : Cadre d’utilisation

Taux de réponse 100% . Cette question est à choix multiple

- Abonnement personnel (1) - Agent de l’administration (4)

- Agent d’une entreprise (2) - Agent d’un organisme de coopération inter-

- Agent d’une ONG (3) état(5)

- Agent d’un organisme des Nations Unies (6) - Autres (7)

f - Question N°5 : Possession d’une boîte aux lettres personnelle

Tableau 6 : Possession d’une boîte aux lettres personnelle

Taux de réponse 100%

g - Question N°6 : Formation initiale en informatique

Tableau 7 : Formation initiale en informatique

Taux de réponse 100%

h - Question N°7 : Possession d’un ordinateur connecté à domicile

Tableau 8 : Possession d’un ordinateur connecté à domicile

Taux de réponse 96%

(Question 8 et Question 9 voir - B -)

i - Question N°10 : Désagréments connus dans l’exploitation de l’internet

- Difficulté d’accès au serveur (1) - Problèmes de réception/d’envoi de

- Coupure du courant (2) courrier (5)

- Panne d’ordinateur (3) - Aucun (6)

- Lenteur des transmissions (4) - Autres (7)

Cette question était à choix multiple. Le taux de réponse est 99%.

Graphique 5 : Désagréments connus dans l’exploitation de l’internet

10. Question N°11 : Durée et période des pannes

Tableau 9 : Durée et période des pannes

k - Question N°12 : Coût mensuel de l’internet

Tableau 10 : Coût mensuel de l’internet

Taux de réponse 74%.

l - Question 13 : Exploitation commune de l’internet

Tableau 11 : Exploitation commune de l’internet

m - Question 14 : Définition de l’internet

Tableau 12 : Définition de l’internet

Le taux de réponse est 90%.

n - Question N°15 : Etes-vous optimiste quant au développement de l’internet au Bénin ?

Tableau 13 : Opinion sur l’essor du réseau au Bénin

Le taux de réponse est 97%

- Question N°16 : Besoin de l’internet au Bénin ?

Le taux de réponse est 99%.

.

Graphique 6 : Besoin de l’internet au Bénin 

- Question N°17 : Obstacles au développement de l’internet

Graphique 7 : Obstacles au développement de l’internet

- Pouvoir d’achat (1) - Monopole de l’OPT (4)

- Ignorance des services de l’internet (2) - Esprit conservateur des béninois (5)

- Absence d’une politique nationale sur l’internet (3) - Autres (7)

Le taux de réponse est 100%

q - Question N°18 : Proposition de solutions (Voir - B -)

r - Question N°19 : Utilisations vers le public (Voir - B -)

s - Question N°20 : Nationalité des internautes

Tableau 14 : Nationalité des internautes

B - Interprétations et commentaires: caractéristiques des internautes du Bénin

1 - Profils des internautes

a - Données descriptives des internautes

* Nombre des internautes du Bénin

En août 1997, il y avait environ 1524 abonnés à l’internet au Bénin. Or un internaute au Bénin en cachent trois (voir Tableau 11). En extrapolant ce résultat, on peut dire que les 1524 abonnés en cachent 4572, ce qui nous amène à 6 096 internautes (0,12% de la population).

En 1996, le Bénin comptait 866 abonnés (CSR 606, OPT 240, SECNI 20). Jusqu’en septembre 1997, il en comptait 1524, ce qui donne un accroissement de 658 abonnés (soit 76%). Avec la moyenne mensuelle d’abonnés du CSR en 1997 (37 abonnés) et celle de l’OPT dans la même année (33 abonnés environ) jusqu’en septembre, on devrait aboutir à plus de 1740 abonnés à la fin de l’année pour tout le Bénin. On obtiendrait ainsi un accroissement annuel d’au moins 100%.

* Cadre d’utilisation de l’internet

Notre enquête nous a permis de faire les constats suivants :

- 11 personnes (11%) utilisent l’internet dans le cadre de leur travail en entreprise;

- 8 personnes (8%) l’utilisent par le biais de la connexion de leur ONG ;- 8 personnes (8%) l’utilisent par le biais de la connexion de la structure administrative dans laquelle ils sont agents 

- 2 personnes (2%) sont des agents du système des Nations Unies ;

- 3 personnes (3%) ont eu accès à l’internet parce qu’ils sont agents d’un organisme de coopération inter-état ;

Notons que certaines personnes ont de multiples cadres d’utilisation.

* Professions représentées

Les professions représentées (voir tableau 3) sont les suivantes:

- Etudiant (45,67%) - Documentaliste (2,46%)

- Enseignant (24,69%) - Autres (9,87%)

- Informaticien (17,28%)

Sur les 14 informaticiens, une seule est une femme. Les autres femmes sont étudiantes, secrétaires, responsables d’entreprises, comptable, enseignantes.... Si l’on doit tenir compte de la catégorie socioprofessionnelle, on peut affirmer que l’Internante béninois est un étudiant. Son âge est situé autour de 25 ans et il n’utilise l’internet que modestement (courrier électronique).

Il y a environ le même taux d’internautes travaillant dans le secteur public que dans le secteur privé. Le grand nombre des enseignants abonnés au CSR a largement contribué à ce résultat.

Au niveau de chacun des PSI, la catégorie socioprofessionnelle se présente comme suit.

i - Centre Syfed-Refer

Il y avait 944 abonnés en Août 1997. 868 abonnements ont été traités (76 abonnements manquaient de renseignements cohérents). 558 abonnés (soit 64,28%) sont des étudiants ; 286 abonnés (soit 33%) sont des enseignants et/ou chercheurs et 26 abonnés (soit 3%) sont des institutions ou font partie du personnel de l’administration.

Sur 816 abonnements traités, les écoles, instituts et facultés sont représentés comme suit :

- Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines (FLASH) : 202 abonnés (24,75%) ;

- Complexe Polytechnique Universitaire  (CPU) : 90 abonnés (11,02%) ;

- Faculté des Sciences et Techniques (FAST) : 74 abonnés (9,06%) ;

- Faculté des Sciences agronomiques (FSA) : 65 abonnés (7,96%) ;

- Ecole Nationale d’Administration (ENA) : 53 abonnés (6,49% ) ;

- Faculté des Sciences de la Santé (FSS) : 53 abonnés (6,49%) ;

- Institut National d’Economie (INE) : 34 abonnés (4,16%) ;

- Institut Régional de la Santé Publique (IRSP) : 32 abonnés (3,92%) ;

- Institut des Mathématiques et des Sciences Physiques (IMSP) : 7 abonnés (0,85%) ;

- Autres institutions : 10 abonnés

Sur 868 abonnés, 114 (13,13%) sont des femmes.

ii - OPT

Il ne nous a pas été possible d’avoir à l’OPT une classification par catégorie d’usagers. Nous pouvons cependant affirmer compte tenu des informations reçues, corroborées par notre enquête, que la plus grosse proportion des abonnés est constituée d’organismes (ONG, entreprises, ambassades, confessions religieuses...).

Notre enquête a révélé qu’environ un tiers des abonnés sont des personnes physiques (expatriés et nationaux). Deux tiers au moins sont des ONG, organismes et entreprises privées.

iii - Société SECNI

Les abonnés de la SECNI sont des organismes (entreprises privées, ONG, etc.). A la différence de l’OPT, elle offre à ses abonnés une vitrine sur le web (hébergement de pages web).

iv - Imédia Informatique

Tous ses abonnés sont personnes physiques.

* Nationalité des internautes

Sur les 98 internautes qui ont répondu à la question sur la nationalité (taux de réponse 98%), 80,61% sont des béninois ; 8,16% sont ressortissants des autres pays de l’Afrique ; 7,14 % sont européens ; 2,04% sont asiatiques et 2,04% sont américains (tableau 14).

A Imédia Informatique, en septembre 1993, sur 23 abonnés, 12 étaient des américains travaillant pour des organismes de développement (Peace Corps, l’International Fondation for Education and Self Help (IFESH). Les autres abonnés sont béninois, africains ou européens.

* Le sexe des internautes

85,71% des enquêtés sont du sexe masculin, 14,28% du sexe féminin. Ce taux est assez proche du taux de femmes abonnées au CSR (13,13%). Sur les 79 internautes béninois, 8 (10,12% ) sont du sexe féminin.

* Initiation à l’informatique

67% des internautes étaient initiés à l’informatique avant de découvrir l’internet (voir tableau 7). 28% n’avaient reçu aucune formation et 5% ont préféré ne pas répondre à cette question.. Sur les 79 béninois, 53 (67,08%) ont déclaré avoir reçu une formation et 22 (27,84%) ont répondu par la négative. 4 (5,06%) sont restés " sans réponse ". Ces taux équivalent approximativement aux taux pour tout le Bénin.

Sur les 58 abonnés, du CSR interrogés, 8 sont des non béninois. Sur les 50 béninois, 20 (soit 40%) n’étaient pas initiés à l’informatique, et 3 (soit 6%) se sont abstenus de répondre. Notons aussi que sur les 22 béninois non initiés, 20 (soit 90,90%) viennent de la communauté universitaire !

* Possession d’ordinateur connecté à domicile

Sur les 100 personnes interrogées, 9 ont un abonnement personnel à l’OPT et possèdent un ordinateur connecté à domicile. Cependant, le nombre total de personnes ayant un ordinateur connecté s’élève à 22 (voir tableau 8). Ce paradoxe s’explique par le fait que certains abonnés du CSR ont un accès RTC. D’autres internautes sont des responsables d’organismes et ont ainsi accès à l’internet depuis leur domicile.

* Possession de boîte aux lettres

85% des internautes interrogés possèdent une boîte aux lettres personnelles. Ce résultat extrapolé au nombre d’abonnés au Bénin donne un total d’environ 1300 boîtes aux lettres. Plus de 60% de ces boîtes sont logées au CRS.

b - Opinion des internautes

* Définition de l’internet

Aucun internaute ne définit d’abord l’internet comme un luxe (voir tableau 12). Il est aussi intéressant de noter qu’alors que 82,22% d’entre eux le perçoivent comme un " outil précieux ", seulement 7,77% le perçoivent comme un " espoir pour le Bénin. " . Cela témoigne du réalisme des internautes qui ne voient pas en l’internet la condition nécessaire et suffisante pour que le Bénin sorte du sous-développement.

Il est aussi à noter que 7,77% des internautes définissent tout d’abord l’internet comme un " mal nécessaire ". Cette opinion négative se justifient selon eux à travers les inconvénients de l’internet. D’autres personnes ont une opinion plus extrémiste et voient en l’internet " la dernière chance du Bénin " !

* Autres opinions

La majorité des internautes est optimiste en ce qui concerne le développement de l’internet au Bénin. Une autre majorité écrasante (97,97% ) affirme aussi que le Bénin a besoin de l’internet pour se développer. Une personne (un non béninois ) estime le contraire et une personne s’est abstenue de répondre à la question. (Tableau13 et Graphique 6).

2 - Utilisations de l’internet

a - Les utilisations

* Utilisation des ressources de l’internet

Un examen du tableau 5 montre que certains internautes (béninois comme non béninois) utilisaient l’internet bien avant la connexion du Bénin. La majorité des enquêtés l’utilisent depuis 1996. Cependant l’enquête n’englobe que huit mois pour 1997 contre douze pour 1996. Par ailleurs le rythme d’abonnement entre 1996 et 1997 a augmenté à l’OPT alors qu’il a baissé au CSR (voir plus haut).

Les ressources de l’internet ne sont pas utilisées avec la même fréquence et avec la même intensité.

- Le cas du Centre Syfed-Refer

Alors que l’accès à l’internet était gratuit jusqu’au premier trimestre de 1997, il est par la suite devenu payant. Dès lors , seuls les étudiants qui avaient un intérêt réel à utiliser l’internet avaient continué à fréquenter le Centre. Il s’agissait surtout de ceux qui avaient déjà " mordu à l’hameçon ". Certains avaient pu se trouver des amis à l’étranger sur le web. De plus, à partir de 1997 l’accès du web avait été suspendu parce que l’OPT n’avait pas encore accordé le forfait. Un quota horaire (sept heures de navigation par semaine) avait été accordé par l’AUPELF avant que la navigation ne redevienne permanente en novembre. Mais l’insuffisance des ordinateurs mis à la disposition des abonnés (3 pour toute l’université) restreint l’accès au web au profit du courrier électronique. Il n’est pas bien accepté que des abonnés occupent le temps à se chercher sur le web alors que d’autres attendent pour envoyer un e-mail.

Pour toutes ces raisons, chaque internaute du CSR ne dispose que d’environ quinze minutes pour occuper un ordinateur. L’utilisation est aussi irrégulière.

* Services utilisés.

Le service internet le plus utilisé est comme il fallait s’y attendre le courrier électronique. Tous les internautes l’utilisent alors que le web n’est utilisé que par 52% des personnes interrogées (voir graphique 2). Peu de personnes sont averties des applications de l’e-mail. Seulement 17% des abonnés utilisent les listes de diffusion ; le forum et le telnet sont les services les moins utilisés (8% pour chaque service). Deux personnes ont affirmé utiliser la vidéoconférence par l’internet. Selon toutes les apparences, les abonnés ne font pas de l’IRC et ne téléphonent pas par l’internet.

* Finalités de l’utilisation

Beaucoup d’internautes utilisent le réseau pour faire de la recherche (77,31% -voir graphique 3). La communauté universitaire l’utilise pour faire de la recherche académique (communication avec des institutions, des personnes ressources, listes de diffusion). Les étudiants l’utilisent aussi pour chercher des bourses de formation. .Les autres internautes qui font de la recherche l’exploitent dans le cadre de leur profession.

56,70% des personnes interrogées l’utilisent dans le cadre des échanges avec leurs partenaires professionnels (partenaires commerciaux, ONG,...)

L’utilisation la plus importante est la correspondance (96,90%). L’internet permet aussi à beaucoup d’internautes de rester en contact avec leurs parents/amis vivant à l’étranger.

Deux personnes ont assuré opérer des transactions financières par l’internet.

La Fondation de l’Entrepreneurship du Bénin (FEB) dont l’objectif est la promotion des jeunes Petites et Moyennes Industries et Petites et Moyennes Entreprises béninoises, s’est aussi donnée pour tâche de faire leur promotion par l’internet (création et hébergement de pages web).

* Utilisations de l’internet vers le public

Mise à part les services offerts par les prestataires de services, il n’existe pas d’utilisation particulière de l’internet envers le public. Mais un internaute informaticien a un projet de création d’ un centre de consultation géomancique via un serveur !

* Coût de l’internet

La détermination du coût de l’internet n’est pas sans poser quelques problèmes. Pour l’instant en effet, l’OPT ne facture pas de manière séparée le coût de la communication téléphonique normale et le coût de la communication par l’internet. Ainsi les internautes n’ont pas pu mentionner si les coûts englobent les frais des communications téléphoniques normales. De plus, les utilisateurs de l’internet qui travaillent dans un organisme ne paient pas leur connexion. Dès lors, nous n’avons pu avoir qu’un taux de réponse de 74% pour cette question. (voir tableau 10).

Dix organismes ont donné l’estimation du coût de leur connexion (voir tableau 10). Seuls les abonnés du CSR ont un coût d’utilisation connu (abonnement).

Le coût mensuel de l’internet pour les individus est situé entre 4 500 F CFA et 50.000F CFA.

b - Les problèmes relatifs à l’utilisation de l’internet

* Problèmes d’installation

Un certain nombre d’internautes ont connu des problèmes d’installation de l’internet. Vingt-deux personnes étaient directement concernées par cette question (ceux qui possèdent un ordinateur connecté ). Dix-huit d’entre eux se sont prononcés sur cette question et 5 (27,77%) ont affirmé avoir connu ces problèmes. Il s’agit surtout de problèmes de configuration. Ils sont quelquefois dûs à la configuration du matériel des internautes. Certaines personnes rejettent aussi la responsabilité de la mauvaise installation sur l’OPT. Des sociétés privées interviennent quelquefois dans la gestion de ces pannes. Par ailleurs, l’OPT (le Centre BENINPAC) compte organiser une rencontre avec les sociétés informatiques afin d’initier celles d’entre elles qui ne maîtrisent pas encore la maintenance de l’internet. Il pourra ainsi se consacrer exclusivement à l’administration du réseau, sa fonction fondamentale.

* Désagréments connus par les internautes

L’examen du graphique 5 nous permet de constater que le premier problème que connaissent les internautes est la difficulté d’accéder au serveur de l’OPT et du CSR (47,47% des personnes interrogées). Souvent, en ce qui concerne l’OPT, on ne se connecte qu’après plusieurs tentatives et cette difficulté de connexion peut durer entre une minute et quelques heures. Il est même arrivé qu’il a été impossible de se connecter toute une semaine. Cette difficulté semble être surtout due à la saturation des lignes. Les internautes vivant dans les autres départements du Bénin connaissent ce problème avec une plus grande acuité du fait de la mauvaise qualité des liaisons téléphoniques.

La seconde difficulté que connaissent les internautes (et la plus importante à noter) est relative aux coupures du courant électrique (39,39% des personnes interrogées). Ces coupures peuvent durer entre quelques minutes et quelques heures et interviennent alors qu’on s’y attend le moins. Les activités en cours se retrouvent ainsi endommagées, le matériel informatique aussi. Les coupures du courant peuvent intervenir plusieurs fois dans une même semaine surtout en période de pluie. Il est même arrivé, suite à des problèmes techniques relatifs au circuit électrique de l’université, que les coupures de courant se répètent dans une même journée, des semaines durant, ce qui a bloqué le fonctionnement du CSR.

Les problèmes relatifs aux pannes d’ordinateurs ou plus largement aux problèmes du matériel informatique (routeur, modem,..) constituent la troisième difficulté que connaissent les internautes (34,34% des personnes interrogées). Ils peuvent être dûs aux coupures du courant électrique, à de mauvaises manipulations, à des virus, à la foudre (saison pluvieuse) ou survenir après vieillissement du matériel. La faible culture informatique des internautes et le manque de techniciens compétents en maintenance informatique ne permettent pas de résoudre facilement ces difficultés. Les abonnés du CSR se sont plaints d’une panne de routeur qui a duré plus de quarante cinq jours. Toutes leurs activités (recherches, suivi de certaines affaires d’ordre professionnel et privé) s’en sont retrouvées bloquées et remises en cause.

La lenteur des transmissions, surtout dans les zones éloignées de Cotonou, est un autre problème (27,27% des personnes interrogées). Elle est due à la fois à la saturation progressive du réseau et à la mauvaise qualité des liaisons téléphoniques.

Il y a aussi les difficultés d’envoi et de réception des courriers (22,22%). Elles sont la conséquence d’un manque de maîtrise des procédures liées au fonctionnement de l’internet (adresses mal écrites, incompréhension des messages d’erreur en anglais du Mail Delivery Subsystem, etc.)

D’autres problèmes sont relatifs à l’encombrement des ordinateurs du CSR, à des déconnexions involontaires du serveur... Un message destiné à un internaute a, une fois, été dupliquée 1500 fois ! Sa récupération lui a coûté très cher. Un autre internaute, ayant cru que la réduction du coût de la communication téléphonique qui intervient à certains moments de la journée (la nuit en l’occurrence) s’appliquait aussi à l’internet, a, des jours durant, navigué de nuit ; il s’est retrouvé avec une facture téléphonique énorme qu’il n’a pas réglé après plusieurs mois.

Certains internautes, en particulier des informaticiens, ont assuré n’avoir connu aucun problème (15,15% des réponses).

* Obstacles au développement de l’internet

Le premier obstacle au développement de l’internet est, selon les internautes, le pouvoir d’achat des béninois par rapport au coût de l’internet (72,72% des réponses). L’ignorance des services de l’internet vient en seconde position (63,63%) ; ensuite viennent le manque d’une politique nationale sur l’internet (51,51%), le monopole de l’OPT (36,36%). Selon les internautes, les béninois auraient un esprit conservateur qui va à l’encontre du développement de l’internet (10,10% des réponses). Il y a aussi d’autres obstacles tels que la faiblesse de la culture de l’informatique, la faible étendue du réseau téléphonique (voir graphique 7).

* Propositions de solutions des internautes.

Les internautes proposent certaines mesures à prendre afin de hâter le développement du réseau. Ces propositions sont les suivantes : information sur les services de l’internet, formation à l’usage de l’outil, développement de l’informatique, amélioration des infrastructures d’accès à l’internet, alphabétisation des masses...